Nous avions déjà présenté la pollution numérique engendrée par le matériel, la consommation d’énergie et le stockage et l’échange de données dans ce premier article. Ici nous allons nous concentrer sur les pollutions dues au numériques auxquelles on pense moins directement qui sont celles engendrées par l’utilisation du papier, les achats sur internet, les objets connectés et l’utilisation du numérique en milieu professionnel.
Le papier
Le numérique, c’est aussi le passage à l’impression qui elle aussi a un impact environnemental : en France, un employé utilise en moyenne 6600 pages par an, soit un arbre (1).

Pour le réduire, quelques pistes :
Limiter la quantité
- Imprimer recto / verso
- Imprimer plusieurs pages par feuille
- Imprimer sur des feuilles de brouillon
- Diminuer la taille de la police
- N’imprimer que si c’est vraiment utile
16% des impressions ne sont jamais lues (1) - Optimiser la mise en page
Suppression des pages blanches, de la taille des images, des espaces vides, réduction des interlignes, des marges - Demander ses factures en numérique, et ne pas les imprimer !
- Coller un stop pub sur sa boîte à lettres
- Supprimer les images et les pubs avant d’imprimer
Réduire l’impact
- Réutiliser les feuilles imprimées comme brouillon
- Utiliser du papier labellisé
- Utiliser des cartouches rechargeables
- Utiliser une police économe en encre : Garamond ou Ryman Eco
Garamond requiert à l’impression 24% moins d’encre que Century Gothic (1). - Imprimer en noir et blanc
- Imprimer en gris plutôt qu’en noir
Cette astuce peut économiser 25% d’encre (1). - Utiliser des cartouches reconditionnées
L’e-consommation
Les achats sur internet, même s’ils nous évitent souvent la voiture, sont un source de pollution qu’on ne visualise pas directement :

- Les échanges de données lors de l’achat en lui-même
- La pollution lors du transport
Il y a 24% de vide dans les livraisons (2) - La pollution lors des retours qui sont souvent gratuits
- Les emballages et protections : production et traitement des déchets
- Les besoins artificiels créés par Internet
31% des achats en ligne sont impulsifs (3)
Une fois qu’on a réalisé cette pollution, l’objectif n’est pas d’arrêter définitivement les achats en ligne. C’est pratique, ça donne accès à des produits qu’on ne trouve pas près de chez nous, ça permet de la diversité… L’idée ici est de vous proposer des idées pour que cette consommation soit plus consciente et moins polluante.
Limiter la quantité
- S’interroger sur son besoin (faire attention aux achats compulsifs)
Laisser le panier rempli et ne pas passer la commande, des fois on oublie même son existence ! - Vérifier si l’on peut trouver ce produit chez un commerçant de proximité
- Commander le produit chez un commerçant de proximité
- Bien choisir pour ne pas avoir à retourner
- Suivre les conseils (guide des tailles, vérifier le type de coupe et les dimensions de l’article), lire les avis des précédents consommateurs pour limiter les retours
- Faire attention aux promos et aux pubs ciblées qui nous poussent à consommer
- Ne pas commander plusieurs produits “pour essayer”, faire le bon choix, acheter en magasin quand c’est possible
- Limiter les abonnements à des produits, acheter quand on a besoin
Réduire l’impact
- Passer par un point relais
Le dernier kilomètre serait responsable de 25% des émissions de gaz à effet de serre d’une livraison (4) - Ne pas prendre la livraison express
Plus la livraison est rapide, moins le trajet sera optimisé (4) - Acheter sur une marketplace plutôt que sur le site de chaque marques pour grouper la livraison
- Être présent lors de la livraison pour éviter un aller-retour supplémentaire
Donner un numéro de téléphone pour éviter les problèmes d’interphone - Aller chercher ses colis en point relais à pied, en vélo ou sur un trajet déjà effectué
- Choisir de recevoir en une seule fois plutôt qu’au fur et à mesure, quand c’est possible
- Donner son avis aux marques pour les aider à faire mieux
Pour les emballages, les livraisons… - Garder les emballages pour de futurs envois
- Recycler les emballages
- Penser à regarder les impacts des produits que l’on achète, même si c’est en ligne !
- Choisir des emballages consignés quand c’est possible (Vrac’n Roll, Oolution)
- Essayer la livraison coopérative (Shopopop, Cocolis, La Charrette, Courseur)
- Résister à Amazon
Pour les vendeurs
- Mettre en avant de la provenance du produit et afficher du bilan carbone (Karbon)
- Proposer des livraisons pour lesquelles le dernier kilomètre est optimisé et plus écologique (Kardinal, Yper)
- Utiliser des colis réutilisables (5 exemples ici)
- Faire payer symboliquement les retours, sanctionner les abus
- Compenser le CO2 émit par la plantation d’arbres (Reforest’action)
Les entreprises et collectivités
Une bonne partie de notre empreinte numérique, nous la générons au travail ! Il est donc important que les entreprises s’emparent de ce sujet. En tant que salarié, vous pouvez aussi ouvrir la discussion.
De plus, la plupart des services et équipements numériques que nous utilisons sont fabriqués par les entreprises ou les collectivités. Les engager dans la démarche permettra de réduire l’empreinte générale.
Même si ce ne sont pas des raisons suffisantes pour le faire, un engagement écologique peut valoriser votre image, vous faire faire des économies, améliorer vos services et prévoir les futures normes.
Généralités
- N’allumer les photocopieuses que quand on s’en sert
- Proposer de mutualiser les équipements pro / perso
- Héberger ses données écologiquement (Scaleway, Infomaniak, GreenGeeks)
- Privilégier le télétravail, en réduisant les espaces de bureau
Réduction des déplacements, des accidents et des besoins en éclairage, chauffage et climatisation (5) - Mettre en place des bonnes pratiques et sensibiliser ses employés
L’Ademe propose un « Guide pratique écoresponsable au bureau » - Acheter du matériel reconditionné quand c’est possible
- Réaffecter les matériels
Un ordinateur obsolète pour un programmeur ne le sera pas forcément pour un commercial - Faire un partenariat avec une entreprise de consigne pour les appareils qui ne seront plus utilisés (afb)
Pour ceux qui proposent des services numériques
- Evaluer son site (ecometer, ecoindex, websitecarbon, extension greenIT)
- Mettre en place des bonnes pratiques (écoconception web – 115 bonnes pratiques – Frédéric Bordage, ecometer rules)
- Rejoindre un programme engagé (tech care, greencodelab, reset, label NR)
- Faire suivre des formations à ses développeurs (ihaveagreen, point de mir, greenconcept, weact4earth)
- Parler de sa démarche à ses clients, fournisseurs et partenaires
Les objets connectés
Comme pour les autres matériels : la production, la consommation d’énergie et les échanges de données génèrent de la pollution. On estime que la pollution due aux objets connectés représentera 18 à 23% de la pollution numérique en 2025 (6)
Certains objets connectés nous promettent des réductions d’énergie pour les interrupteurs ou les ampoules, la prévention des pannes ou la réparation à distance pour l’électroménager.
Mais ces solutions ne sont pas toujours rentables en termes d’émissions globales car c’est encore un matériel à fabriquer. Par exemple, les lumières connectées seraient rentables écologiquement dans un usage professionnel mais pas privé (7).
Il faut aussi prendre en compte l’effet rebond : si les objets connectés pourraient nous aider à réduire notre empreinte écologique, ils peuvent nous amener à consommer plus par ailleurs. On a en effet tendance à réaffecter le gain (monétaire, écologique ou temporel) à une nouvelle consommation.
Solutions
- Évaluer la rentabilité écologique avant d’acheter un objet connecté
Une liseuse est rentable écologiquement à partir de 15 livres (8) - Évaluer le besoin : un produit non numérique peut-il suffire
Utiliser une radio, une carte routière… - Acheter d’occasion ou reconditionné
- Choisir des objets durables
enceinte durable, bouilloire et lave linge durables, ecojoko
Sources
(1) « MOOC – Numérique Responsable » de l’INR, 2020
(2) « Livre blanc – l’économie de l’espace vide » de DS Smith
(3) “E-consommateur et responsable”, de l’Ademe, 2020
(4) Le défi du dernier kilomètre écologique, Beev, 2021
(5) “Le télétravail au service du développement durable” du Syntec Numérique, 2010
(6) Un tsunami d’objets connectés sur la plage cet été ? GreenIT, 2020
(7) Déployer la sobriété numérique du Shift Project, 2020
(8) Livre ou liseuse ? Leur empreinte carbone comparée de Eco CO2, 2019