Malgré une impression de dématérialisation, le numérique représente 10%(1) de l’électricité, 4% des émissions de gaz à effet de serre(2) et 0.2% de la consommation d’eau(12) dans le monde. La pollution due au numérique augmente de 9% par an(2) et les simulations ne sont pas optimistes… Tant qu’on ne change pas notre rapport au numérique ! Mais il est toujours possible de réduire cette augmentation 😅.
La pollution numérique provient globalement de 3 sources (4) :
- les équipements des particuliers
- les data centers – ce qui stockent et transmettent l’information (serveurs, systèmes de stockage…)
- les infrastructures – ce qui font le lien entre les équipements (câbles, routeurs…)
Elle est émise au moment de la fabrication du matériel (extraction de ressources, production, outillage, transport) et lors de son utilisation :



La sobriété numérique
Passer d’un usage instinctif à un usage réfléchi.
Le Shift Project (13)
On va donc vous donner des solutions pour aborder les différents problèmes à la source de cette pollution que sont le matériel, la consommation d’énergie, le stockage et les échanges de données.
Le matériel
Le constat
Déjà, voilà le voyage d’un smartphone au cours de sa fabrication, ça en fait des kilomètres !

Ensuite, les équipements électroniques sont constitués en grande partie de plastique et de métaux :

Enfin, d’après l’Ademe, pour fabriquer un ordinateur de 2kg, il faut : 800kg de matières premières (dont des métaux rares) et 124kg de CO2 . Il consomme 169kg de CO2 pendant son utilisation.
La production de notre matériel est donc la source la plus importante de pollution numérique, c’est ici qu’on pourra la réduire le plus efficacement.
Les solutions
Acheter moins
- S’interroger sur son besoin avant d’acheter
- Envisager la location au lieu de l’achat (commown)
- Ne remplacer un équipement que s’il ne fonctionne plus
90% de l’énergie consommée par un smartphone l’est pendant sa fabrication (11) - Réparer ou faire réparer (ifixit, repair café, save, atelier du portable, sosav, annuaire des réparateurs de l’Ademe, spareka)
- Privilégier les appareils multifonctions
- Limiter l’achat d’objets connectés
- Protéger les appareils
- au niveau logiciel : antivirus, mises à jour, désinstallation des logiciels non utilisés, choix les logiciels qui se lancent au démarrage, les éteindre au lieu de les mettre en veille
- au niveau matériel : housse, coque, ventilateur, nettoyage
- Éviter les charges complètes de 0 à 100%
Les batteries au lithium n’aiment pas être poussées à l’extrême - Remplacer les pièces défectueuses (sosaccessoire)
- Laisser son smartphone reposer lorsqu’il surchauffe
Acheter mieux
- Acheter durable (guidetopten, produitsdurables, magarantie5ans) : prendre en compte l’indice de réparabilité (2021) et de durabilité (2024)
Pour vous aider, ifixit propose une évaluation des smartphones en fonction de leur indice de réparabilité. - Choisir un écran moins grand
- Des lunettes de réalité virtuelle au lieu d’un écran géant
- Acheter reconditionné ou d’occasion (backmarket, smaart, la bootique, solidatech)
- Acheter des produits éthiques (fairphone, Why¡)
- Choisir des produits labellisés

Et une fois que c’est fait, pensez à revaloriser votre matériel :
- vendre (backmarket, leboncoin, volpy) les équipements fonctionnels ou non
- donner (geev) vos anciens équipements s’ils sont encore fonctionnels
- les faire recycler sinon (ecosystem, jedonnemontelephone, boutique orange, réseau envie, emmaus, ecologic)
On estime que 100 000 smartphones sont inutilisés en France - Le rapporter lors d’un nouvel achat (règle du 1 pour 1)
La consommation d’énergie
Le constat
Un data center doit être allumé en permanence et climatisé. A lui seul il consomme autant d’électricité qu’une ville européenne de 10 000 habitants(9).
En un an, un salarié français consomme 3 460kWh pour son utilisation du numérique, soit 80 ampoules basse consommation allumées 8h par jour pendant 220 jours ouvrés(10).

En adoptant des bonnes pratiques, on pourrait réduire notre consommation électrique de 25% (14).
Les solutions
Changer ses habitudes
- Réduire le nombre d’onglets et de logiciels ouverts sur un appareil
- Désactiver les fonctions wifi / 4G / GPS / Bluetooth quand on ne s’en sert pas
- Passer en mode avion / économie d’énergie quand on peut
- Diminuer la luminosité des écrans
Passer la luminosité de 100 à 70% économise 20% d’énergie (6) - Éteindre au lieu de mettre en veille
11% de la facture d’électricité des ménages est due aux équipements en veille ! (6) - Changer de navigateur
Chrome consomme plus que Firefox par exemple (6) - Activer le dark mode
- Débrancher les chargeurs quand les appareils sont chargés
- Ne pas utiliser d’économiseur d’écran animé
Faire régulièrement
- Mesurer sa consommation (extension carbonalizer, application mobile carbonalizer)
- Simuler son empreinte énergétique (ecodiag)
- Programmer des veilles automatiques
- Désactiver les applications non utilisées sur son smartphone (quand on ne peut pas désinstaller)
- Supprimer les applications inutilisées (application Space)
Le stockage des données
Le constat
D’après une étude de l’IDC(7) le volume de données stockées dans le monde passera de 45Zo(*) en 2019 à 175Zo en 2025. Si ces données étaient enregistrées sur des DVD, cette pile de DVDs serait haute de 23 fois la distance Terre-Lune.
(*) 1 Zo = 1 000 000 000 000 000 000 000 octets
Les solutions
Changer ses habitudes
- Activer la suppression automatique des documents dans la corbeille depuis plus d’un mois
- Stocker sur son ordinateur / disque dur plutôt que sur le cloud
- Préférer le format texte au format HTML
- Utiliser les outils framasoft (formulaire, sondage et autre) plutôt les outils Google et Doodle.
Ils respectent mieux vos données personnelles et sont supprimés après usage (sauf si vous avez besoin de les garder) - Choisir un stockage de fichiers engagé : https://filevert.fr/
Faire régulièrement
- Nettoyer le cache / les cookies / l’historique / les téléchargements
- Supprimer ses comptes inutiles
- Se désabonner des newsletters que l’on ne lit pas (avec Cleanfox)
- Supprimer ses mails / photos / documents inutiles
- Supprimer ses anciens contenus inutiles (skyblog, myspace…)
Les échanges de données
Le constat
L’objectif ici n’est pas de dire qu’il faut arrêter le progrès. Internet c’est trop bien, et c’est grâce à ça que vous êtes en train de me lire 😀
Mais on ne se rend pas compte de la quantité de données qui transitent chaque minute dans le monde.

Quand même, 171 millions de mails échangés par MINUTE ! Sachant que 60% des mails envoyés ne sont jamais lus (Cleanfox), et qu’ils parcourent en moyenne 15 000 km :

L’usage le plus polluant du numérique, c’est la vidéo :

Les solutions
Navigateur
- Utiliser un moteur de recherche éthique (lilo, écosia, ecogine) sur ordinateur et mobile
Les recherches ne sont pas forcément moins polluantes mais les revenus publicitaires sont investis dans des projets à impacts environnementaux. - Utiliser un bloqueur de publicités (ublock, addblock)
Au moins 25% du trafic est dû aux publicités - Entrer l’adresse d’un site au lieu de faire une recherche sur moteur de recherche
4 fois moins de gaz à effet de serre produits (6) - Utiliser l’historique et les favoris
- Bloquer les animations flash
- Installer un suspendeur pour les onglets inutilisés
Chrome : The Great Suspender
Firefox : The Tab Suspender - Bloquer les barres d’outils indésirables (ADWCleaner)
- Utiliser les flèches avancer / reculer du navigateur pour ne pas recharger toute la page
- Limiter les extensions installées sur le navigateur
Le gestionnaire des tâches du navigateur permet de visualiser celles les plus consommatrices de données
Mails
- Utiliser une messagerie éthique (lilo, ecomail, newmanity)
- Compresser / baisser la résolution des pièces jointes avant d’envoyer un mail
Les données numériques parcourent en moyenne 15 000 km quand elles sont transmises (4) - Bien choisir les destinataires d’un mail
- Supprimer les pièces jointes avant de répondre à un mail
- Supprimer les logos de sa signature pour un usage interne
- Ne pas répondre à tous systématiquement
En télétravail
- Préférer la messagerie instantanée aux mails
- Ne pas mettre la vidéo systématiquement
- Baisser la résolution de réception et d’envoi des vidéos
- Travailler hors ligne quand c’est possible
Vidéo
- Préférer le téléchargement au streaming
- Préférer la TNT à l’ADSL
- Baisser la résolution des vidéos
- Diminuer son usage : sélectionner ce que l’on a vraiment envie de voir
- Utiliser l’extension minimal pour être moins sollicité
- Regarder des vidéos sur Imago
Numériquement plus responsable que les autres plateformes de vidéos.
Propose des contenus sur la transition. - Échanger / louer des CDs et DVDs
Divers
- Préférer Spotify ou Deezer à Youtube pour écouter de la musique
- Empêcher la lecture automatique des vidéos.
Paramétrable sur Mozilla.
Sur Chrome : Disable HTML5 Autoplay ou Autoplay - Partager les données sur le cloud plutôt que les envoyer par mail
- Utiliser une clé USB au lieu d’envoyer des fichiers lourds
- Préférer le filaire au wifi et le wifi à la 4G
La 4G consomme 23 fois plus que le wifi (8) - Suspendre les notifications
- Pour un contenu auquel on va revenir souvent, il peut être préférable d’imprimer
Sources
(2) Publication « Pour une sobriété numérique » du Shift Project, 2018
(3) Publication « les impacts du Smartphone » de l’Ademe, 2019
(4) Publication « La face cachée du numérique » de l’Ademe, 2019
(5) « La pollution numérique » de ZD Strasbourg, 2020
(6) Ebook « Face à la pollution numérique : la sobriété » de Verda Mano, 2020
(7) Publication « The digitization of the world », de l’IDC, 2018
(8) Publication « A Close Examination of Performance and PowerCharacteristics of 4G LTE Networks » de l’université du Michigan et d’AT&T Labs Research« , 2012
(9) « La pollution numérique, on en parle » de Verda Mano, 2019
(10) « L’empreinte numérique des salariés » de GreenIT, 2017
(11) L’écologie numérique : infographie, chiffres-clés et conseils pour une dématérialisation plus verte, 2020
(12) « Empreinte environnementale du numérique mondial » de GreenIT, 2019
(13) « Climat : l’insoutenable usage de la vidéo en ligne » du Shift Project, juillet 2019
(14) « MOOC – Numérique Responsable » de l’INR, 2020
(15) « Pollution numérique : définition et solutions« de Cleanfox, 2020
(16) « Pollution numérique : du clic au déclic« de qu’est-ce qu’on fait ?!
Aller plus loin
- MOOC sur le numérique responsable : https://www.academie-nr.org/ de l’INR
- L’atelier la fresque du numérique
- Conférence de Françoise Berthoud d’Ecoinfo Le numérique : menace ou espoir pour l’environnement ?
- Webinaire du 15 octobre 2020 du Shift Project Déployer la sobriété numérique
- Basilic podcast – au secours je ne suis pas écolo : le numérique
- L’impact environnemental des moteurs de recherche, Greenspector
Une comparaison des impacts d’une recherche en fonction des différents moteurs de recherche.